Steinkirchen            

Arp Schnitger a construit cet orgue à Steinkirchen, près de Hambourg, où il a repris, dans la mesure du possible, les registres utilisables d’un instrument plus ancien, comme il en avait l’habitude. La substance ancienne du registre de la flûte à bec, par exemple, présente la tessiture habituelle des 15e et 16e siècles, de fa à la2, que possédait encore l’orgue précédent de Dirck Hoyer. Hoyer avait manifestement déjà réutilisé des tuyaux plus anciens, car les registres Octave 4' et 2' du grand orgue semblent, à en juger par leur facture, dater du début du 16e siècle, voire du 15e siècle. Cet orgue représente donc près d’un demi-millénaire d’histoire de l’orgue, qui doit beaucoup au respect que les facteurs d’orgues ultérieurs ont eu pour les créations de leurs prédécesseurs respectifs.

La façade de l’orgue présente l’idée du « Façade hambourgeoise » sous une forme inattendue. Les deux tours de pédale sont complètement libres et encastrées dans le parapet de la tribune, à une certaine distance du buffet principal qui abrite les deux claviers manuels superposés. Ce type d’installation a un effet inhabituellement favorable sur le développement sonore des différents ouvrages, en particulier pour la pédale richement dotée, qui possède toute une série de registres mélodiques situés en hauteur. Ce type de construction favorise surtout le jeu en trio ainsi que l’interprétation de chorals d’orgue protestants avec une mélodie de choral lente à la pédale. Elle témoigne ainsi du lien étroit qui existe entre l’architecture de l’orgue et l’architecture musicale d’une composition.